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  • Writer's pictureNina Sumarac Jablonsky

meeting Philippe Verheye

When technology makes sense as the great communicator: an amazing artist like Philippe Verheye has found me. He got in touch with me and finally visited me here at my studio in Cyprus yesterday! I feel so honored byl this attention and I share it with all of you. Enjoy his work here

https://www.facebook.com/philippe.verheye/

— « Hier ? J'étais à Chypre. »« Sans blague… ? », me répondit mon interlocuteur, étonné. — « Eh bien, si ! »Si en France, le TGV coûte cher, les billets Ryanair n'explosent pas votre budget. Il suffit de choisir dans les vols proposés et de boucler, ensuite sa valise. Pour le prix d'un Paris-Lille en Prem's, j'ai un Charleroi- Paphos. À choisir, je préfère de loin le soleil ! Et qu'est-ce qui m'a poussé à acheter subitement un billet aller ? Son prix justement, extraordinairement bas : 15 euros ! Et pour 15 euros, tu as 4 heures de vol, — certes, serré comme une sardine —, mais tu as un atterrissage magnifiquement dépaysant ! Et de plus, c'est encore moins cher qu'un Tournai-Bruxelles, à bord de l'un de ces retardataires wagons de la SNCB !Il a fallu chercher un peu pour le retour : rien n'était disponible dans cette fourche de prix avant la semaine suivante: j'ai finalement trouvé un billet à 32 euros, le mercredi d'après. Cela vous contraint de rester une semaine entière sur place; mon idée initiale pourtant était de m'offrir un mini-trip « Week-End », pour revoir Chypre que j'aime. 47 euros au total pour une semaine de soleil, loin de la grisaille belge… on serait bien idiot, somme toute, de refuser cette opportunité, même si sur les trois derniers jours, on se sent un peu retenu sur place. Oui, je ressentais bien ces jours en trop, le besoin de rentrer. Mais on s'organise… et avec Internet, le WiFi, on n'est plus vraiment coupé du monde. Même en montagne, dans le Troodos, il y a du WiFi !Sur place, je m'étais arrangé avec des amis pour avoir un logement pour très peu d'argent. Et j'avais ma cuisine, ma salle de bains, ma chambre et surtout, — c'est ce que je préfère ! —, ma terrasse! Et une simple table en plein air, deux chaises (l'autre chaise pour accueillir le visiteur), des orangers qui perdent d'une manière outrancière leurs fruits, des grenadiers et autres arbustes en fleurs, autour de moi. Les agrumes sont pour les Chypriotes ce que les pruniers sont pour nous : les prunes excédentaires tombent, on ne s'en émeut pas. Là-bas, les voitures roulent sur les oranges qui jonchent la route, personne ne s'en formalise. Quand on sait combien coûtent les oranges non traitées chez nous… ! C'est sûr : ces fruits-là ne voyagent pas en Ryanair, pour rejoindre nos étals !Les grenades charnues, restées accrochées sur l'arbre explosent et exposent leurs grains rouges, qui finissent par sécher au soleil et sous la légère brise. Oui, il y avait quand même un petit vent: n'oublions pas que nous sommes en novembre; même s'il fait encore 25 degrés. Le dimanche, nous avons même eu 27 degrés et en plein soleil, on sent bien les rayons vous réconforter la peau meurtrie par le début d'hiver belge. C'est tout vitamine D, ça !J'ai eu la chance ce dimanche-là d'être invité à la cueillette des olives ! Une très bonne expérience, une belle découverte ! Dans ce champ, une douzaine d'oliviers sont disposés en quelconque et nous prenions d'assaut chaque arbre pour en tirer un maximum de fruits. Les chypriotes n'y vont pas de main morte! Les plus hautes branches sont sciées pour pouvoir, au sol, les dépouiller; parfois l'arbre est secoué pour faire tomber sur la bâche entourant le tronc les olives mûres assez pour choir d'elles-même. Et le reste des olives, avec nos yeux aiguisés, sont aperçues pour être arrachées. Petites ou grosses, noires ou vertes : tout y passe avec allégresse !Nous avons cueilli au total 128 kilos d'olives pour obtenir, au final 25 litres d'huile. Je ne sais trop comment marche le processus, que j'ai filmé: le fruit de notre récolte part dans la machine broyeuse, oui et on en voit sortir le jus, oui mais ensuite ? Sans doute une centrifugeuse. Mais on est là à la chaîne. … Comment savoir si ta gentille olive apportée se retrouve bien dans l'huile que tu vas consommer ? Le processus est en effet assez long et il y a tant de gens qui apportent et qui attendent. J'étais songeur. Cela me rappelait ma grand-mère qui achetait son café en grains, pour le faire moudre sur place. Là oui : elle achète ce qu'elle consomme. Dans ces grandes machines semble-t-il, il y a une collectivité que semble régir la confiance et le partage : « tu as 128 kilos d'olives, tu auras 25 litres d'huile, pas un gramme de plus. » Mais non, c'est trop alambiqué pour être possible! Je cherchais à comprendre. Enfin bref : j'avais aussi ma petite caméra pour me distraire et pour vous instruire !tongue emoticonLes Chypriotes sont des gens merveilleux. Ils ne savent rien de toi mais tu es déjà accepté, tu fais partie du groupe. Et si en Belgique, j'ai souvent été stoppé dans mon enthousiasme par les principes « bien pensants » de mes contemporains, à Chypre, je peux exprimer ma sollicitude, mes étonnements et joies, mes émerveillements et, finalement, mon bonheur tout court, sans être taxé d'extra-terrestre par des abrutis aux aguets de la moindre traverse. Tu vis, simplement. Tu es au soleil, à une terrasse, avec une simple table, du papier et des crayons et tu es heureux. Mon premier contact chypriote, ce fut Paris M., qui vit dans un logement articulé autour d'une cour, qui lui sert d'atelier. Il a un établi machiné à l'ombre oui, mais tout l'espace créatif est autour des plantes qui poussent et vivent, sans contraintes. Il a un papayer seulement âgé de trois ans et qui fait déjà plus de cinq mètres, si pas plus ; fournissant des feuilles qui font aisément quatre vingts centimètres sur quatre vingt. Mais le top, c'est naturellement ses papayes, charnues et gouteuses, qui font au minimum 40 centimètres de long ! Paris doit étayer les fruits sur l'arbre avec des cordelettes et des planchettes, pour éviter que ceux-ci tombent de leurs propres lourdeurs ! … Comment est-ce que la nature peut produire autant, alors qu'il y a de la faim dans le monde… ? Tu te sens interloqué, émerveillé, songeur. Il y a des fruits à planter, si on veut nourrir chacun ; si on pouvait d'abord éliminer cette crasse de capitalistes! C'est horrible de savoir que la simple mandarine que tu manges en Belgique est passée par tant de traders. Au fond… qui a vraiment besoin de traders… ? Personne ! Une chose cloche.Chypre ne sont pas, finalement des vacances : ce sont des instants qui me stoppent et qui m'obligent à me remettre en question. Je dois me déshabiller de mon costume de crétin belge pour entrer en fusion avec une nature inconnue et pourtant, pas si lointaine. Merci Ryanair, de raccourcir l'Europe !En Belgique, le moindre bonheur ordinaire se doit d'être argumenté et surtout, à justifier, pour ensuite être tarifié et monnayé. « Tu paies ce que tu existes. »En Belgique aussi, j'ai toujours eu le sentiment « de vivre pour mon voisin ». On est censé être libre, mais on n'est jamais libre. Récemment encore, ma mère me demandait de réparer le pare-choc arrière de ma voiture, amoché « par l'un de ces petits piquets froufroutement design de ces petites places communales joliment rénovées ». Coût de la rénovation, pour une pièce moulue en plastique : 700 euros et bien sûr, je refuse. Mais la réaction de ma mère, face à mes arguments, fut déconcertant : elle préfère claquer 700 euros pour ne pas être mal jugée par ses voisins alors que pour 700 euros, tu peux séjourner trois fois à Limassol !! C'est ahurissant, ce principe.Enfin, en Belgique, on veut te faire payer le fait que tu es sans emploi, alors que le marché lui-même est moribond. Récemment encore, on me demandait «pourquoi je n'allais pas dans un atelier protégé pour m 'occuper.» Vraiment comme si je n'étais pas capable de développer un cheminement individuellement! Il y a des gens qui me sidèrent. (À Bruxelles et ailleurs, on ne m'a jamais fait ce coup-là ! Je suis ici en province et je le paie … ! tongue emoticon ) Certaines personnes ont une façon de trancher sans se rendre compte qu'il y a quelque chose d'hitlérien dans leurs principes. Mais l'hitlérisme est-il vraiment mort ? Souvent, je me dis que non. On observe le vote des gens pour s'en convaincre. Dans les administrations en tout cas, ce raisonnement primaire leur facilite les choses, en limitant les cases à cocher à « A », »B » et parfois, « C », si le préposé communal est de bonne humeur !Il y a une chose que j'ai compris, cette année : le besoin très sain d'être égoïste, de penser à soi au lieu d'être outrancièrement altruiste. Je culpabilisais quand je me faisais plaisir : maintenant, je veux ouvertement défendre mon point de vue.Le bonheur est simplement devenu une marchandise. Ce n'est plus ce morceau de viande que des carnassiers se disputent : ce cliché-là est devenu anodin. C'est aujourd'hui une nouvelle denrée qui est en jeu : le bonheur, le droit d'exister en étant heureux.Ne le pensez-vous pas ? Aussi, savoir échapper à la commercialisation du bonheur est un plaisir en soi ! Pouvoir narguer ces «vendeurs d'illusions» est un joli triomphe ! J'adore narguer, « niquer » ces représentants d'une marque commerciale, emplis d'arrogance crétine ! Ce n'est pas de la méchanceté (je refuserai toujours d'être méchant) mais juste une piqûre de rappel, face à leurs fatuités !J'avais déjà développé tout un raisonnement, mais dans un contexte différent : les codifications sexuelles à outrance. Ce n'est pas parce qu'une péripatéticienne, — peinturlurée en sioux et parfumée au Harpic — , te rebute que tu dois forcément être taxé de phallogyne et de misocrate. Non mais, sans blague ! J'avais développé, en 1993 un sculpture à ce sujet, « le Séducteur Hydraulique », que je n'ai jamais pu aboutir, faute de matériaux complexes. (Silicones de qualité et bonne machinerie.) C'est une sculpture- machine qui devait avoir une érection à tout vrac ! Le processus se déclencherait avec une cellule photo-électrique. Un chat passe ? Paf ! Une araignée descend du plafond ? Boum ! … Le danger d'une sculpture aussi sottement réactive, c'est qu'elle finira par brûler ses propres fusibles ! Mais… C'est un peu l'Homme, non… ?Ce projet n'est pas enterré, loin de là.Je m'égarais. Revenons à nos moutons.Après la cueillette des olives, je suis retourné à Nicosie. Étonnante capitale ! C'est petit, tu fais toute la ville intra-muros en moins d'une heure. Ces ruelles ont un charme et une histoire, à chaque détour. C'est plus subtil que Luxembourg-ville. Ce sont des fenêtres murées, des murs mitraillés et des passages barbelés qui vous renvoient en 1974. L'intérêt qui aiguise le touriste lambda, c'est la Ledra, l'avenue centrale qui, au bout d'une centaine de mètres, se termine par un check-point. Et si du côté grec, on se fiche bien que tu ailles te faire voir chez les Turcs, du côté Turc, ton identité est notée et analysée. Enfin, ce poste de contrôle franchi, tu peux te dire que tu es allé en Turquie: c'est un paysage différent. Malheureusement, plus triste et sale. Tu as des trottoirs irréguliers, carrelés à la va-vite, jonchés de marchandises, de bric et de broc. Tu as des culs-de-sac, où l’inquiétude l'emporte, tant le climat peut être pesant. Je me suis même fait suivre par trois adolescents, mais je n'avais absolument rien à leur balancer, en euros. Je me suis senti lâche et médiocre, mais tous les touristes ne sont pas forcément riches, faut-il leur signaler … ? L'Europe n'est pas forcément l'eldorado !Je suis allé manger où j'étais déjà allé, en mai. Une courette sous d'imposants orangers, une radio qui hurle des airs arabisants, une serveuse docile et discrète, qui semble sous le joug du patron, tapi en cuisine. J'ai mangé mon Haloumi en salade, rédigé mes cartes postales « Chypre du Nord » pour les amis et puis j'ai regagné l'Europe, la vraie, « la Nicosie de chez nous, avec ses enseignes Mac Do et KFC », son bus Nicosie-Limassol et j'ai regagné mes pénates. Ma petite parcelle de sensibilité belge greffée sur ce morceau de Limassol loué ! J'étais content d'être "chez moi"; j'ai écrit et dessiné davantage sur l'exclusion, le rejet : sur ce cloisonnement hermétique en société. J'ai imaginé des masses volumineuses de paraffine blessées par un coutelas tranchant. Un début de processus créatif… ? Primaire encore, j'en conviens.Sur le plan culturel, j'ai découvert des richesses. À Limassol, j'avais repéré une artiste très intéressante et je lui ai rendu visite. Et quel bonheur !Rien qu'en consultant sa page web, j'avais ce délicieux sentiment de retrouver cette ambiance forte et constructive des étudiants de Madame Tapta. Il s'agit de Nina SUMARAC-JABLONSKI et je me demandais pourquoi ce talent n'avait pas encore explosé sur notre continent occidental. Elle a exposé à Bordeaux ; je pense qu'elle doit exposer bien plus ailleurs et je lui ai promis de faire quelque chose en sa faveur, en Belgique. Elle réalise de superbes peintures à l'huile ; un temps, cela m'a fait songer à Frida Kahlo, par les formes et les couleurs mais Nina n'était pas assez d'accord. Sans doute ma première impression était limitée, je le reconnais. Je fus plongé dans un univers créatif en puissance, c'est magique. J'ai eu la chance de voir deux toiles en cours d'élaboration et comme, justement, je projette de revenir en février à Limassol, Nina m'a promis que ces tableaux seront alors achevés. Je me réjouis déjà car ses œuvres sont absolument dignes d'intérêt et d'ailleurs, je souhaite monter une exposition à Bruxelles pour exhiber ses créations. Un beau projet pour 2016 !http://www.ninasumarac.com/Bien ! Je vais cesser de radoter (c'est l'âge, mes potos !), tout comme cette satanée année 2015 va sur sa fin ! Je vous souhaite une excellente fin d'année. Et surtout : une magnifique nouvelle année, décuplée 2016 fois par la chance et le bonheur ! smile emoticonSee translation......Philippe Verheye

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